Microcosme (2)
Here we go!
En route pour la seconde et dernière étape de notre court voyage à l’écart des lieux commun et idées reçues à propos de la Hollande !
Cette fois-ci, nous nous arrêtons à Rotterdam.
Brisons d’emblée le suspense, il n’y a pas de plus grande cité que celle-ci aux Pays-Bas. Par son statut de premier port d’Europe et second port mondial par le tonnage derrière celui de Singapour et sa situation géographique entre mers ultra fréquentées (la Baltique, la Manche et l’Océan Atlantique) et les plus grands axes de communication terrestres de la mégalopole européenne (voies ferrées et routes de liaison entre la France, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas eux-mêmes, sans compter l’accès vers le Danemark et des villes comme Anvers par lesquels les jonctions fluviales et routières sont très importantes), Rotterdam est bel et bien une ville mondiale. Mais contrairement à La Haye, ce sont ici le commerce et les activités liées à la mer (pêche, transport par voie maritime, etc.) qui sont au cœur du système. Il y a donc un immense port, une forêt de buildings comme nul par ailleurs dans le pays et comme rarement en Europe, et une sorte de frénésie collective qui ma foi est fort entraînante.
Mais ça n’est pas tout ! Rotterdam est une ville décisivement moderne. Et je ne dis pas ça uniquement à cause des sculptures sans queue ni tête qui polluent à intervalles beaucoup trop réguliers son paysage invariablement bétonné (Mwahahhaaaaaaaaaaaaa !),
ni parce qu’ils ont rasé sans le moindre état d’âme leurs satanées maisons en briques rouges qui plaisent tant aux touristes et à ceux qui aiment prendre les néerlandais à titre d’exemple pour faire du lobbying en faveur du retour à la construction des bâtiments publiques et des niches pour hamster à poils durs en BRIQUES – très bien adapté au climat local ceci dit en passant –, de même que la quasi-totalité de leurs espaces verts – ne laissant qu’une pair de brins d’herbe se battant en duel pour la suprématie sur un micro ramassis de buissons rescapés in extremis de la fureur bâtisseuse des autochtones et aménagés en ce qui pourrait faire penser à croisement entre le Yoyogi kôen de Tôkyô, et le parc municipal de Lorient.
Non, en fait quand je parle de modernité à Rotterdam, je fais plutôt référence, entre autres, à l’aménagement du territoire. Les constructions ci-dessous, tout droit sorties de je ne sais quel épisode des SIM’s (un jeu vidéo basé sur le principe des relations sociale, soit une sorte de Facebook où vos potes sont des unités artificielles… quelle joie ça doit être d’y jouer ! XD) sont autant de centres commerciaux.
Autre exemple, la diversité culturelle des résidents de la municipalité ainsi que la grande tolérance que les néerlandais manifestent envers leurs immigrants est ici consacrée
(la tour que vous pouvez voir ci-dessous à l'arrière-plan est par ailleurs le point le plus haut des Pays-Bas).
Les français sont d’ailleurs toujours les bienvenus ! XD
Troisième exemple : des travaux de construction de logements et de revalorisation des rues adjacentes sont actuellement en cours au beau milieu du centre historique de la ville, et ils sont censés aboutir courant 2030. Pouvez-vous me citer aujourd’hui une seule ville au monde où l’on lance des projets d’urbanisme sur un horizon de 20 ans ? Cela dépasse de loin la durée d’un ou deux mandats de maire, et donc bien souvent la compréhension des élus qui, si la piscine qu’ils ont mis en chantier pour faire taire les écolos qui réclamaient depuis longtemps l’aménagement d’un milieu favorable à la reproduction des grenouilles à pois violets endémiques du pré de 4m² compris entre la propriété de M. et Mme X et la départementale 220 rasé il y a peu n’est pas réalisable dans les deux ans, délais après lequel les électeurs se rendront compte de la non viabilité économique d’une telle entreprise, ne lèveront simplement pas le petit doigt. (toute ma considération à ceux ou celles qui ont compris la phrase du premier coup !)
En se promenant dans les rues du centre, on comprend très vite que tout tourne autour du port : des fausses grues comme autant de symboles de ce qui fait marcher l’économie locale sur la place centrale (attention, il y en a deux vraies derrière ^^),
un polder spécialement conçu pour accueillir la cité portuaire, et des restaurants japonais à ne plus savoir qu’en faire sont là pour le rappeler.
En parlant du polder, ce dernier est relié à la terre ferme par un grand pont depuis lequel il est possible de voir très clairement la zone de déchargement des containers en provenances des 5 continents et des 7 mers,
et accessoirement depuis lequel il est assez facile de se suicider en sautant dans un des navires transporteurs d’anchois et autres saloperies surnaturelles (toutes mes excuses à la communauté des anchois, je n’éprouve qu’une haine viscérale à son encontre, rien de bien méchant) qui passent par dizaines chaque jour en dessous. Et bien ce pont a été baptisé « pont Erasmus ». J’imagine que vous savez tous qui était ce barbu imberbe né à Rotterdam (de son vrai nom Desiderius Erasmus Roterodamus, désigné en français sous l'appellation Erasme) et ce qu’il a fait, donc je ne vous ferai pas l’affront de le rappeler, pas plus que l’analogie directe avec la multiplicité ethnique et la diversité culturelle (résumés dans le programme universitaire Erasmus). Rotterdam, et c’est mon dernier point, s’est faite en fait la figure de proue de ces idéaux, et l’affiche aux 4 coins de la ville : pont Erasmus que l’on vient de voir (il n'y a décidément pas de vent dans ce pays... l'effet drapistique est gâché!),
hôpital Erasmus,
rue Erasmus, et même université Erasmus (il s’agit du nom de l’université, au même titre que Dauphine ou la Sorbonne, et non pas d’une quelconque relation avec les conventions d’échanges).
Voici donc ce que j’entendais par ce titre de « Microcosme ». Les Pays-Bas sont géographiquement parlant un très petit état à l’échelle mondiale (à peu près l’équivalent de la Bretagne si l’on y inclut la Loire Atlantique), mais regroupe en son sein de multiples visages à côté desquels les touristes passent souvent sans les voir.
En dehors du calme et du charme empreint de rusticité que l’on peut trouver à Amsterdam et dans la campagne plate-herbeuse-sillonnée-de-canaux-et-pleine-de-vaches-et-de-moulins-à-vent-gardés-par-des-filles-blondes-aux-joues-roses qui s’étend de part et d’autre de la voie ferrée sur laquelle circule le Thalys faisant la liaison directe entre Paris et Amsterdam (on fait des emplettes de beu et on rentre ! =D),
la réalité de ce pays aux trois capitales (une touristique/symbolique, une politique, et une économique) est sensiblement nuancée.
Il y aurait encore de nombreuses villes (Maastricht, Groningen, Haarlem, etc.), pas mal d’institutions commerciales locales (HEMA, Bakker Bart, etc.) et de nombreux mets locaux (stroopwaffels, snoepjes, stampot, etc.) dont je pourrais vous entretenir, mais je le mieux est encore de clore le chapitre hollandais et vous laisser découvrir tout ça par vous-même. Le plaisir du voyage est dans la découverte. J’espère en tout cas que malgré mes digressions et absence à répétition je vous aurais donné quelque envie de découvrir les Pays-Bas de vos propres yeux et dépasser les images d'épinal propoagées sur leur dos, car c’est une destination qui vaut largement le détour. Les gens sont accueillants (j’en sais quelque chose ^^), les paysages sont magnifiques, la nature y est omniprésente, et la culture y est riche et unique.
PS: le blog, lui, continue hein!
PPS: album Rotterdam en ligne.